tu t’abreuves volontiers
à ma source pour assouvir ta curiosité,
intrigué par l’exotisme de mes traits,
mais peu à peu, mon intuition s’affole
propos déplacés, injures voilées
pourquoi tout tourne toujours autour de tes racines ?
parce qu’être insensible à la couleur est un luxe
que je n’ai pas les moyens de m’offrir
en refusant de voir tes privilèges
à répétition, tu invalides mon expérience
je te surprends pourtant
à reprendre mes propos au moment opportun
pour qu’un faisceau d’ouverture
rejaillisse en ta direction,
ta condescendance revêt ses habits de tolérance
et je ravale ma rage tout comme mes larmes
mais j’ai terminé de me taire
pour que tu demeures confortable
fatiguée de préserver ton orgueil fragile
caution, do not break
à force d’user de finesse
d’envelopper ton égo de papier bulle,
ce sont mes propres morceaux
que je dois maintenant recoller
Une fausse alliance est une trahison.
Josiane Ménard, « Faux-allié », Nos plumes comme des armes, Montréal, p. 50.